Comment fabriquer son propre sténopé

 

A l'évidence, un sténopé étant la plus simple expression de l'appareil photo, en réaliser un soi-même doit être plus aisé que de vouloir fabriquer un Reflex dans sa cave !

Cela dit, créer cet engin nécessite quand même quelques précautions.

Il faut également se souvenir qu'il va être impossible de concevoir de façon simple, un appareil capable d'accueillir du film en rouleau. Conséquence : vous avez le choix entre charger votre création avec du plan film ou du papier sensible. Dans le premier cas, la manipulation est délicate, l'investissement est non négligeable et peu en rapport avec l'esprit du bricolage; dans le second cas, le tirage que vous obtiendrez sera négatif et vous obligera à une manipulation supplémentaire en laboratoire pour obtenir des épreuves positives. Un conseil : même si vous avez le projet de réaliser des films avec votre appareil, testez-le avec du papier photo : la manipulation est plus simple, c'est mieux pour débuter.

 

 

1. La boîte 2. La fermeture 3. L'étanchéité 4. Le sténopé
5. L'obturation 6. le chargement 7. la prise de vue 8. le développement
9. le tirage 10. le choix du papier Matériel nécessaire Accueil sténopé

 

 

1. La boîte

Bien, passons à l'activité travaux manuels. Tout d'abord, il faut vous procurer le "boîtier" : une boîte, peu importe sa forme, mais surtout résistante et parfaitement étanche à la lumière. Il y a bien sûr la classique boîte à chaussures mais elle risque de vous réserver quelques surprises quant à sa solidité. Quand on sait qu'il n'y a qu'une seule vue disponible avant le développement et que le temps de pose oscille entre 1 sec. et 5 minutes, on conçoit qu'il faille être absolument sûr de la qualité de l'emballage. Un conteneur en métal est plus fiable: vous pouvez utiliser une grosse boîte cylindrique, ou plus simplement une boîte à biscuits classique, parallélépipédique, en fer blanc. De toute façon, quelle que soit sa forme, vous devez commencer par en peindre l'intérieur en noir mat. C'est aussi pour cette raison que nous préconisons plutôt le métal au carton: ça tient mieux au coup de peinture.

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2. La fermeture

Vérifiez que le système de fermeture fonctionne correctement et qu'il est pratique à utiliser car vous devrez charger votre boîte dans le noir. Le plus simple est, bien sûr, de conserver le système de fermeture original (le couvercle de la boîte), mais en le renforçant avec de la toile adhésive noire. (Les boite en métal type Ricoré avec couvercle en plastique s'avèrent très pratique à l'usage)

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3. L'étanchéité

Contrôlez l'étanchéité à la lumière : dans le noir complet, glissez une feuille de papier photo, refermez (cela vous permet de tester le système de fermeture), laissez-la en plein soleil pendant une heure ou deux et développez: s'il n'y a pas de trace grise, voire noire, c'est que tout va bien.

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4. Le sténopé

Le sténopé, c'est un trou. Cet orifice doit être suffisamment petit pour autoriser la formation d'une image inversée sur la paroi lui faisant face, mais pas trop petit afin d'éviter les phénomènes de diffraction et puis il faut quand même bien laisser entrer un peu de lumière. Les bords de l'ouverture doivent être parfaitement nets. Voici trois solutions pour sa réalisation.

a. Si vous avez opté pour la boîte en fer blanc (style boîte à gâteaux, boîte de Ricoré), vous pouvez percer la cloison directement à l'aide d'un petit clou. L'inconvénient est que si votre orifice s'avère trop grand, vous devez tout recommencer.

b. Une autre technique, un petit peu plus élaborée, consiste à pratiquer une fenêtre carrée d'environ 1 cm de côté, à l'endroit où vous voulez installer le sténopé.

Vous recouvrez ensuite cette ouverture avec un morceau de papier d'aluminium (type alimentaire) que vous fixez solidement avec le même ruban adhésif, bien à plat. Il ne vous reste plus qu'à percer d'un geste sec, avec une épingle de couture et le tour est joué.

Et si vous ratez votre coup, vous pouvez changer le bout d'aluminium. Cela vous laisse même la possibilité "d'objectifs interchangeables" ce qui peut être intéressant quand on sait que le diamètre du trou influence le rendu de l'image.

c. Vous remplacez le papier d'aluminium par trois lames de rasoirs placées de telle sorte qu'elles forment un trou. Le diamètre est réglable, mais en plus, les bords de l'orifice sont parfaitement nets.

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5. L'obturation

Ce sténopé doit être obturé. La façon la plus simple consiste à le recouvrir d'un bout de ce ruban adhésif que nous avons déjà maintes fois utilisé depuis le début. Cette méthode convient pour un orifice directement percé avec le clou mais pour les deux autres fabrications, un petit morceau de carton noir tenu par l'adhésif serait plus conseillé: le montage avec papier d'alu, comme celui avec lames de rasoir, est fragile et risque de venir avec "l'obturateur collant" lors de la prise de vue.

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6. le chargement

Avant de réaliser vos premières prises de vue minimalistes, n'oubliez pas de glisser une feuille de papier sensible dans votre boîtier. La méthode: dans votre local éclairé simplement d'une lumière rouge (ou sans lumière du tout, si vous ne voulez pas prendre de risque), vous ouvrez votre appareil et vous glissez une feuille de papier sensible que vous plaquez contre la paroi opposée au sténopé, face sensible tournée vers ce dernier. Vous pouvez le fixer simplement avec 2 petits morceaux de ruban adhésif léger, mais n'utilisez pas l'adhésif toilé noir (pour une fois !) : vous risqueriez de devoir repeindre l'intérieur de la boîte après chaque chargement.

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7. la prise de vue

Soyons clairs: il va falloir tâtonner. Vous pouvez vous munir d'une cellule pour mesurer le temps de pose, mais il faudrait d'abord déterminer quel est le diaphragme correspondant à votre matériel et là, il n'y a pas d'autre solution que de faire des tests. Une méthode simple: vous mettez votre sténopé, chargé d'un papier photo, face à un mur fortement éclairé sur lequel vous avez accroché un damier. Vous mesurez le damier avec votre cellule réglée sur environ 3 Iso (la cellule de votre appareil photo peut parfaitement faire l'affaire) et vous commencez à faire un test avec le temps d'exposition indiqué par le posemètre pour un diaph de f : 22 multiplié par 200 ! Exemple: si la mesure vous indique 1/30' de sec. à f : 22, vous devrez poser environ 6 sec. .pour votre 1er test. Après développement (voir chapitre 8. Le développement), vous devez obtenir le damier, avec ses cases noires devenues blanches et inversement. S'il n'y a pas de cases noires sur votre papier, c'est que vous devez augmenter le temps d'exposition, et s'il n'y a pas de cases blanches, c'est le contraire. Passez toujours à un temps deux fois plus grand ou deux fois plus petit pour corriger l'exposition.

Une fois que vous aurez obtenu un temps de pose correct, comparez-le avec l'indication de votre cellule: le chiffre par lequel vous devrez multiplier l'indication de la cellule pour obtenir votre temps de pose réel vous permettra de caler n'importe quelle mesure par la suite. Pour reprendre notre exemple, si vous obtenez finalement un bon résultat avec un temps de pose de 25 sec., cela signifie qu'il faudra multiplier l'indication de mesure pour f : 22 par 750 (25/1/30'). Pour information, cela correspondrait à un diaphragme de f : 512 !

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8. le développement

Le développement du papier photo se fait dans le noir ou sous lumière rouge. Il consiste à le plonger d'abord dans un bain de révélateur (environ 3 mn), puis dans le bain d'arrêt (1 mn) et enfin dans le bain de fixateur (5 mn) ; ensuite, il faut laver l'épreuve obtenue et la laisser sécher. Vous obtenez alors une image négative dont vous allez devoir réaliser un tirage.

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9. le tirage

Le tirage consiste à placer une feuille vierge, partie sensible vers le haut et à poser l'image négative, partie imprimée en contact avec la feuille vierge. Bien entendu, tout cela se fait dans le noir ou en lumière rouge. Vous placez ce «sandwich» sur une plaque de bois, une plaque de verre par-dessus et vous posez l'ensemble sous une ampoule. Il ne vous reste plus qu'à allumer pendant environ 10 sec. et à développer le papier (celui du dessous puisque l'autre, c'est déjà fait !). Vous obtiendrez une image positive. Procédez encore par tests successifs si besoin, jusqu'à obtenir un bon tirage.

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10. le choix du papier

N'utilisez que des papiers ne présentant aucune marque au dos : Ilford ou Agfa ne signe en général pas leur papier. Vous pouvez utiliser du papier à support plastique (papier RC), plus rapide et pratique à manipuler. Vous pouvez charger, décharger, manier et traiter le papier noir et blanc en lumière rouge. En revanche, lorsque vous voudrez vous essayer à la prise de vue sur plan film, n'oubliez pas d'opérer dans le noir total.

Et voilà, vous êtes prêt pour la réalisation de ces images magiques, parce que prises sans aucun matériel, et à la profondeur de champ infinie.

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Matériel nécessaire

a       Une boîte, de préférence en métal, étanche à la lumière

a       Du ruban adhésif noir.

a       De la peinture noire mate (en bombe, c'est mieux).

a       Un clou ou du papier d'aluminium alimentaire et une aiguille ou encore des lames de rasoir.

a       Du papier photo au format de la boîte.

a       Deux cuvettes de développement au format du papier choisi.

a       Les produits de développement (révélateur, bain d'arrêt, fixateur).

a       Une planche en bois peinte en noir et une plaque de verre, au format du papier.

a       Une ampoule électrique.

a       Un local parfaitement étanche à la lumière.

a       Un évier avec de l'eau courante.

 

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Exemple d'un sténopé.

Le couvercle en plastique est bien étanche à la lumière.

Un morceau de carton noir (à gauche) sert d'obturateur.

Un morceau de scotch en papier à droite le maintient fermé.

Les photos seront déformées du fait de la rotondité de la boite

 

 

article tiré du magazine Photo